1848年法国《Journal des sciences militaires des armées de terre et de la mer 陆地与海洋军事科学学报》上的一篇炮兵上尉笔下的鸦片战争
« Le fusil à mèche, dit Mackensie au chapitre Ix de sa relation de la campagne de Chine, où il décrit les armes des Chinois, est parfaitement semblable à l'ancienne arme connue en Europe sous le même nom. Les Chinois n'en font pas autant de cas que de l'are, à cause des dangers que son emploi entraîne pour celui qui en est armé. Il arrive souvent que la mèche communique le feu à ses habits de coton ou à la cartouchière qu'il porte sur la poitrine. Cette cartouchière, ordinairement ornée d'une figure de tigre, est formée par un étui de coton ou de cuir, divisé en quinze ou seize petits compartiments, dans chacun desquels est une cartouche. La négligence avec laquelle les Chinois manient leurs munitions est souvent fatale au soldat qui met fréquemment le feu à sa giberne et à ses vêtements.
a Les Chinois sont fort arriérés dans la science de l'artillerie. Leurs canons sont d'un poids énorme proportionnellement à leur calibre. Quelques-unes des pièces de canon que nous avons prises ne pesaient pas moins de sept tonnes (environ 7,000 kilog.). quoiqu'elles ne fussent que du calibre de 42. Cependant, malgré cette énorme épaisseur de métal, il y en avait bon nombre qui avaient éclaté. A Amung-Ibon, nous trouvâmes tous les affûts garnis de coins de mire, et quelques-unes des grosses pièces prises à Canton avaient des vis de pointage. Je crois cependant que les canonniers étaient trop peu instruits dans leur métier pour s'en servir utilement. Il leur faut même pour les batteries de campagne un magasin à l'arrière de chaque pièce; c'est tout simplement un grand trou creusé en terre, et près de celui-là en est un autre, plus grand encore, où se précipite le canonnier après avoir mis le feu à sa pièce, pour se mettre à couvert de l'explosion. Les affûts étant aussi très lourds, Les Chinois ne peuvent pas diriger réellement leurs pièces, ils ne peuvent guère tirer qu'en belle. Cependant à la dernière expédition, on leur a pris des pièces mieux montées sur des affûts achetés aux Américains et aux Portugais. Plusieurs des gros canous pris dernièrement à Canton étaient d'origine étrangère.
La poudre chinoise, quoique assez bien composée relativement aux proportions de ses éléments, est d'une fabrication grossière. Voici ses proportions comparées à celles de la poudre anglaise (1)
(1) La poudre employée par les Anglais dans les expéditions de Chine provient presque exclusivement des pondreries indiennes de Madras, Ishapore etc.: Nous n'avons pas encore de poudre rie en Algérie.
Poudre anglaise. Salpêtre, 75; charbon, 15; soufre, 10. Poudre chinoise.-75,7; 14,4; 9,9.
On n'a trouvé dans les arsenaux chinois ni mortiers, ni bombes. Cependant deux obusiers en bronze furent pris à Amung-Hoy, où il y avait aussi une immense quantité de projectiles creux, ainsi que des projectiles de marbre et de granit et des boulets ramés pour les divers calibres. Dans la défense de leurs forts les Chinois ont employé une espèce de grenade qu'on lance à la main ; elle est faite de terre cuite et remplie d'une composition qui ressemble à la roche à feu, et que l'eau ne peut éteindre. Une autre sorte de grenade, aussi de terre cuite avec la forme d'une théière, est remplie des matières les plus puantes que l'on puisse imaginer; les Chinois la jettent après en avoir allumé la mèche; elle se brise en tombant à terre, le contenu s'enflamme et empeste l'air de l'odeur la plus fétide.
Quelques artilleurs chinois sont armés d'un bâton fendu d'une entaille à l'une de ses extrémités, et dont ils se servent comme d'une fronde avec laquelle ils lancent des pierres à des distances considérables et avec assez de justesse. Leurs fusées ne sont à vrai dire que des jouets d'enfants. Elles ont six pouces de long tout au plus, et sont attachées à une baguette de bambou à tête de flèche d'un côté et pourvue de barbes de l'autre ; ces fusées font beaucoup de bruit, mais très peu de mal.
Cette infériorité dans la construction et le tir des armes à feu qui, malgré leur nombre et la bravoure personnelle dont elles ont fait preuve plusieurs fois, rend les troupes chinoises si peu redoutables pour les soldats européens, s'est manifestée dans tous les épisodes de cette guerre. Il nous suffira de citer encore quelques lignes empruntées à la relation que lord Jocelyn a fait de l'attaque de Chusan par la flotte anglaise.
« En même temps l'ennemi ouvrit son feu, mais la mauvaise construction des pièces d'artillerie chinoise et la détestable qualité de la poudre firent que nous n'eûmes aucun accident à regretter.
« Les Chinois avaient construit, quelques ouvrages avancés, mais ils étaient pitoyables et n'avaient aucune valeur militaire.
« Cette attaque de Chusan avait lieu le 5 juillet 1840; à peu près à la même époque, une autre escadre de la flotte anglaise bombardait aussi Beyrouth presque sans danger devant les feux impuissants de l'artillerie égyptienne. Mais si l'Angleterre, retenue par les nécessités de la politique européenne, n'a pu, malgré son envie, s'établir d'une manière permanente sur cette côte égyptienne, qui reste cependant dominée par la menace impérieuse de ses canons de Malte, rien n'est venu gêner son action dans les lointaines mers de la Chine.
« Une guerre contre la Chine, écrivait lord Jocelyn, en 1841, avec la noble générosité d'un soldat, sera toujours regrettable; ce pays, incapable de résistance, accessible à toutes les attaques, aussi bien par sa faiblesse que par son étendue, est indigne d'avoir l'Angleterre pour ennemie. Il y a tropà craindre que toute armée envahissante se laisse aller à la violence, au pillage, au massacre. L'immense supériorité numérique des Chinois empêchera d'occuper les villes de l'intérieur, mais leurs ennemis ne trouveront à cause de cela que trop d'excuses pour légitimer l'emploi des mesures extrêmes.




