重温《恶之花》之“让娜组诗”(三):《腐尸》《来自深处的求告》《吸血鬼》《黄泉中的悔恨》(附原诗)
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波德莱尔手绘让娜-迪瓦尔 |
《腐尸》
(本诗约作于1842-1843年间,首次发表于1857年第一版《恶之花》。据说波德莱尔曾在画室和咖啡店内高声朗诵该诗,引起片片哗然,作家圣伯夫指责他“迷恋可怕的事物”,他也因此获得了“尸体文学的诗人”的雅号。但雕塑家罗丹却大为激赏。)
爱人,那景象可曾记起,
就在明媚的夏日晨曦:
曲径拐角的卵石河床上,
有具腐恶丑陋的尸体,
它四肢朝天,像个荡女,
温热的尸身蒸腾毒气,
姿态放肆,又恬不知耻,
露出的肚腹臭气四溢。
骄阳照射这具腐败的生物,
要把它炙烤得恰到好处,
好像把大自然生发的一切
又千百倍地归还造物主;
上天将这美妙腐尸凝望,
好像在观赏鲜花开放,
刺鼻的恶臭,随风飘荡,
你险些熏倒在草地上。
苍蝇嗡嗡逐臭于糜烂肚皮,
爬出黑压压成团的蝇蛆,
蝇蛆沿着臭皮囊蜿蜒蠕动,
仿佛是流动的黏稠液体。
蛆虫爬上爬下似潮水一般,
还吐着细泡,东进西钻,
被恶浊之风吹胀的尸体内
仿佛仍有生命继续蕃衍。
仿佛四周发出古怪的乐声,
似流水淙淙,又似清风,
还像扬麦的农夫节奏分明,
任簸箕翻飞,筛选麦种。
形体死灭,浮生便若梦幻,
如未就的画稿中途搁浅,
面对遗忘的画布无从下笔,
画家只能徒将记忆呼唤。
岩石后有条焦躁的母狗,
瞪着我们,凶光外露,
想窥测时机,从尸骸上
夺回嘴边失落的腐肉。
——早晚您也会像这烂肉一样,
成为可怕的腐尸,恶臭四扬,
就是您,我的天使,我的激情,
我目中星辰,我生命的太阳!
是的!优雅女王呵,临终圣事*
既办,您就将如此惨淡,
在繁花和野草下长眠,
在累累白骨中霉烂。
美人呵!当蛆吻您啃您,
您可要细语温存,
就说,我的爱虽已分解,
却永葆爱之形神!
*临终圣事(les derniers sacrements),又称傅油圣事,是天主教徒临终前的宗教仪式,包括告解、赦免、傅油、圣体等,是天主教的七大圣事之一。
Une Charogne
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de moirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s’élançait en petillant ;
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rhythmique
Agite et tournu dans son van.
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma narure,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !
《来自深处的求告》
(本诗首次发表于1851年4月9日《议会信使》,是波德莱尔以《冥府》(les Limbes)为总标题发表的11首诗中的第4首,原标题为《贝雅特丽姬》(La Béatrix)。1855年6月1日发表于《两世界评论》,标题改为《忧郁》(Spleen)。)
求你怜悯,惟一至爱的你,
我的心已跌至幽黯的渊底。
愁闷的世界,铅色的天际,
黑夜中游荡着亵渎与恐惧;
冰凉的太阳天上飘荡半载,
其余六个月夜色笼罩大地;
这是比极地还荒芜的国度,
无树木葱绿,无动物小溪!
这世上的恐惧,既然无法
与那冰冻太阳的冷酷相比,
无垠的黑夜仍似混沌初辟;
我便对最卑贱的动物更加
妒忌,它能浑噩入梦,可
光阴线团仍绕得慢条斯理!
De Profundis Clamavi
J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime,
Du fond du gouffre obscure où mon coeur est tombé.
C’est un univers morne à l’horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème ;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre ;
C’est un pays plus nu que la terre polaire ;
- Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois !
Or il n’est pas d’horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,
Tant l’écheveau du temps lentement se dévide !
《吸血鬼》
(本诗首次发表于1855年6月1日《两世界评论》,是波德莱尔首次以《恶之花》为总标题发表的18首诗中的第5首。)
你呀,就像一把利刃,
捅进了我哀怨的心底;
你呀,盛装疯癫而至,
如群魔一般孔武有力,
我屈辱的魂灵,沦为
你的床笫和你的领地;
——如囚徒镣铐加身,
我仿佛已与卑贱同体。
就像赌徒沉迷于牌局,
就像醉鬼与酒瓶难离,
就像腐尸任蛆虫麇集,
——该死,该死的你!
我乞求三尺利剑,
夺回我自由权利,
我呼唤致命毒剂,
来拯救我的卑鄙。
唉!可毒药和利剑
却对我充满了鄙夷:
“你还不配我们把你
解脱出该死的奴役,
“蠢货!我们若帮你,
把你从魔窟中救离,
可一旦你再度亲吻,
吸血鬼又还魂附体!”
Le Vampire
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon coeur plaintif es entrée ;
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine ;
- Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l’ivrogne,
Comme aux vermines la charogne,
- Maudite, maudite sois-tu !
J’ai prié le glaive radide
De conquérir ma liberté,
Et j’ai dit au poison perfide
De secourir ma lâchité.
Hélas ! le poison et le glaive
M’ont pris en dédain et m’ont dit :
« Tu n’est pas digne qu’on t’enlève
A ton esclavage maudit,
Imbécile ! – de son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire ! »
《黄泉中的悔恨》
(本诗首次发表于1855年6月1日《两世界评论》,是波德莱尔首次以《恶之花》为总标题发表的18首诗中的第7首。)
我的黑美人,当你将在
黑色大理石墓碑下长眠,
你的闺房宅邸,无非是
墓室和墓穴,积水塌陷;
当墓石压着你风情万种的
腰肢和你怯弱的胸膛,
你的芳心不再跳动和向往,
纤足再不能追逐情场,
坟茔是我无穷梦想的知音,
(它与诗人总是心心相印),
无眠长夜会对你倾谈交心,
说:“并不完美的风尘女郎呵,
要你何用?你不识逝者悲伤!”
——悔恨如蛆,咬得你百孔千疮。
Remords Posthume
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d’un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir
Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ;
Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu’assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,
Le tembeau, confident de mon rêve infini
( Car le tombeau toujours comprendra le poëte),
Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni,
Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n’avoir pas connu ce que pleurent les morts ? »
- Et le ver rongera ta peau comme un remords.